Loges de l'avant-bras

Comme dans le bras, les muscles ayant des actions similaires et la même innervation sont, dans l'avant-bras, rassemblés dans les mêmes compartiments limités par le fascia. Bien que l'extrémité proximale de l'avant-bras corresponde au plan passant par l'articulation du coude, la partie distale de l'humérus fait fonctionnellement partie de l'avant-bras. Pour que la partie distale de l'avant-bras, le poignet et la main aient une masse minimale susceptible d'optimaliser leur fonction, ils sont contrôlés « à distance » par des muscles extrinsèques dont les portions contractiles, charnues et volumineuses, se trouvent dans la partie proximale de l'avant-bras, à distance de leur site d'action. Leurs tendons longs et grêles s'étendent distalement jusqu'au site opérationnel, comme de longs cordages atteignant des poulies éloignées. En outre, étant donné que les structures sur lesquelles les tendons agissent (le poignet et les doigts) disposent d'une grande liberté de mouvement, de larges possibilités de contraction sont nécessaires, ce qui implique que les muscles aient de longues parties contractiles aussi bien que de longs tendons.

En réalité, des muscles qui seraient localisés uniquement dans l'avant-bras ne pourraient avoir ni une longueur, ni une surface d'insertion proximale suffisantes pour assumer une fonction optimale ; ainsi, les insertions proximales (origines) des muscles doivent donc s'étendre à un niveau plus proximal que le coude dans le bras - c'est-à-dire sur l'humérus. En général, les muscles fléchisseurs sont situés antérieurement et les extenseurs, postérieurement, mais les faces antérieure et postérieure de la partie distale de l'humérus sont respectivement occupées par les muscles fléchisseurs et extenseurs du coude (Fig. 6.38A). C'est la raison pour laquelle des excroissances latérales (épicondyles et crêtes supra-épicondylaires) se sont développées sur la partie distale de l'humérus, offrant les sites d'insertion nécessaires aux muscles de l'avant-bras. L'épicondyle médial (épitrochlée) et la crête supra-épicondylaire médiale offrent des sites d'insertion aux muscles fléchisseurs de l'avant-bras ; l'épicondyle latéral et la crête supra-épicondylaire latérale permettent l'insertion des muscles extenseurs de l'avant-bras. Par conséquent, plutôt que de se trouver strictement en avant ou en arrière, la partie proximale de la loge « antérieure » (loge des fléchisseurs-pronateurs) de l'avant-bras est en fait antéro-médiale, tandis que celle de la loge « postérieure » (loge des extenseurs-supinateurs) est postéro-latérale (Figs. 6.37D, 6.388 et 6.40C). Disposées en spirale sur toute la longueur de l'avant-bras, les loges deviennent véritablement antérieure et postérieure dans la partie distale de l'avantbras et dans le poignet. Ces loges, qui contiennent les muscles réunis en groupes fonctionnels, sont délimitées, d'une part, par le bord sous-cutané de l'ulna qui est d'abord postérieur (partie proximale) puis médial (partie distale), et, d'autre part, par l'artère radiale, qui se trouve d'abord en avant puis latéralement. Ces structures limitantes sont palpables tout au long de l'avant-bras (l'artère, grâce à ses pulsations). Comme aucune de ces limites n'est croisée par des nerfs moteurs, elles sont aussi des sites d'incisions chirurgicales.

Les fléchisseurs et les pronateurs de l'avant-bras occupent la loge antérieure et la plupart sont desservis par le nerf médian ; un muscle et demi fait exception et est innervé par le nerf ulnaire. Les extenseurs et supinateurs sont dans la loge postérieure et tous sont innervés par le nerf radial (directement ou par sa branche profonde). En général, les loges des membres se terminent au niveau des articulations, de sorte que des collections liquidiennes ou des processus infectieux y restent habituellement confinés et ne se propagent pas dans les loges voisines. La loge antérieure de l'avant-bras fait exception à cette règle puisqu'elle communique avec la loge centrale de la paume de la main par l'intermédiaire du canal carpien (Fig. 6.38C).